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La voix est douce, le geste engageant, arborant un sourire rassurant et protecteur, elle tendit gentiment la main au petit homme

 

Ils déambulèrent dans un labyrinthe de couloirs. Manifestement Cydonia connaissait parfaitement les lieux. Le passage peu à peu s’élargit, le sol devint plus moelleux, plus souple, le petit homme baissa la tête, ils marchaient sur un tapis de mousse, l’endroit était humide. Comme par magie, chaque pas allumait des torches aux reflets d’or et d’argent, le petit homme, le petit bout d’homme leva les yeux comme pour mieux s’imprégner des lieux. Du bout des doigts, il effleura les parois maintenant recouvertes d’une tapisserie végétale, composée d’herbes, d’algues et de mousses allant de l’ocre au rouge en passant par toutes les couleurs de l’arc en ciel. Une forêt de bambous s’élevait maintenant devant eux comme un mur infranchissable. Cydonia, qui ouvrait la marche, se retourna et avec un sourire enfantin et dit:

 

  • Nous allons entrer dans le sein des seins, le lieu sacré de notre univers, donne moi la main. Rassure toi il n’y a aucun danger, mais le passage est un vrai dédale connu seul par les habitants de Lamantie. Non, ne dis rien, je te sens impatient, mais la révélation ne peut se faire que dans la crypte des morts vivants. C’est la loi, je ne peux m’y soustraire.

 

D’un pas sur, elle s’engouffra dans la forêt de roseaux et l’invita par une pression de la main à en faire autant. Comme des soldats disciplinés, le régiment de bambous semblait, comme au défilé, s’écarter cérémonieusement et de façon bien ordonnée devant leurs hôtes.

Chaque seconde un grondement sourd et régulier se faisait entendre plus audible à chaque pas, au point de deviner le flux et le reflux de vagues qui se jettent et se meurent sur le grève. Quelques mètres suffirent et l’océan s’offrit à eux, immense, puissant, insondable, impérial. Le petit homme, le petit bout d’homme chancela comme ivre à l’inhalation soudaine de l’air iodé dispensé par la brise marine, au rythme constant d’un souffle frais et vivifiant.

Par réflexe il mit sa main devant les yeux, tant le soleil dardait ses rayons en maître incontesté de l’espace. Peu à peu le regard mouillé, agressé par la clarté soudaine, grimaçant, il chercha à percer le jour malgré la buée lacrymale qui gênait sa vue. Le ciel était constellé d’étoiles. Ainsi nuit et jour cohabitaient en ce monde. Tous les astres impudiques se montraient et dansaient la folle farandole sans se soucier de leur place, de leur rang, de leur fonction diurne ou nocturne.

À quelques distances de là, plantés dans la mer, d’immenses rochers, monuments mégalithiques, bombaient leurs torses comme de puissants guerriers indestructibles. Sur leurs flancs se prélassaient lascivement de superbes corps mi humains mi poissons.

 

  • Ce sont les sirènes, gardiennes du temple. Elles sont seules autorisées à se prélasser ainsi. Les mâles quant à eux nagent dans l’eau. Regarde les, ils semblent jouer avec les vagues, mais ne t’y méprends pas ils sont redoutables s’il s’agit de défendre l’accès à la crypte des morts-vivants. Asseyons nous, le sable est doux et chaud, ici tout peut être dit sans troubler le repos régénérateur des habitants de l’île.

 

 

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  • La crypte est la dessous, dit elle en montrant l’océan

  • Je n’ai pas le droit d’y accéder encore, je suis au stade de la chrysalide, mais l’heure viendra et cette heure sera la nôtre.

     

Elle posa sa tête sur l’épaule du petit homme. Un voile d’émotion submergea tout son être, le petit homme en fut aussitôt empli, secoué sans trop savoir pourquoi, par les mêmes sentiments

 

Elle poursuivit après quelques secondes, reprenant contenance

 

  • Il y a dix mille ans de ça, il y eut un déluge pendant quarante jours sur la terre. Les eaux montèrent et grossirent. Les eaux montèrent de plus en plus sur la terre et toutes les plus hautes montagnes qui sont sous le ciel furent couvertes. Les eaux montèrent quinze coudées plus haut, recouvrant les montagnes.

Alors périt toute chair qui se meut sur la terre, oiseaux, bestiaux, bêtes sauvages, tout ce qui grouille sur la terre, et tous les hommes. Tout ce qui avait une haleine de vie dans les narines, c’est-à-dire tout ce qui était sur la terre ferme, mourut.

Ainsi disparurent tous les êtres qui étaient à la surface du sol, depuis l’homme jusqu’aux bêtes, aux bestioles et aux oiseaux du ciel. Ils furent effacés de la terre et il ne resta que quelques sirènes et leurs compagnons, suivit d’un groupe d’hommes, de femmes et d’enfants affolés. Quelques espèces d’oiseaux, de bestiaux et de bêtes sauvages, en perdition demandèrent asile aux lémuriens pour qu’ils soient sauvés du cataclysme, tous s’engouffrèrent dans la mer et les lémuriens les guidèrent dans l’abîme de l’océan.

La crue des eaux sur la terre dura cent cinquante jours.

Le petit homme,visage fermé, hermétique, regard fixe, comme un félin tapi dans les hautes herbes, à l’affût , fusillant sa proie de ses yeux verts, guettait un point de connaissance tatoué dans un pli de mémoire. Dans l’ancien testament, certains chapitres de la genèse contiennent l’histoire d’un déluge:

Dieu veut supprimer le mal qui a envahi la terre et décide d’anéantir l’humanité corrompue. Un seul homme mérite d’être sauvé: Noé.

Cependant, Sumériens, Européens, Africains, Chinois, Australiens, Sud-américains, et Océaniens ont en commun la mémoire d’un déluge qui aurait dévasté la planète. Les similitudes des récits sont frappantes. Toutes les versions diffèrent sur la forme jamais sur le fond, celle-ci est peut-être la seule histoire vraie, un petit bout de l’histoire du monde...

 

Brusquement, un imperceptible tressaillement secoua tout son être: la connexion est rompue. Un brouillard épais semble faire la transition entre l’introspection et le retour à la réalité. Assis à même le sable, le coude posé sur son genou, il effleure les lèvres de ses doigts, petite manie lorsqu’il se livre à un moment de réflexion intense.

 

Quel est ce monde qu’il ne connaît pas, qui n’existe pas, dont, de là où il vient, personne n’a conscience ?

 

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  • henzzo
  • diplômé déducation physique - spécialisé pour handicapés physiques - exercé handicap,toxicomanie,délinquance. Directeur centre de remise en forme- traversée course à pied des pyrénées - mais aussi de la france en solitaire et du maroc
  • diplômé déducation physique - spécialisé pour handicapés physiques - exercé handicap,toxicomanie,délinquance. Directeur centre de remise en forme- traversée course à pied des pyrénées - mais aussi de la france en solitaire et du maroc

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