Petit homme (11)

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• Je ne le pense pas. Je suis comme vous, les végétaux nous ont envoyé des flashs instantanés. Nous en sommes tous là, nous savons mais nous ne pouvons rien interpréter. Nous avons eu déjà de longs débats à notre niveau, et les scarabées ont

• unanimement décidé que le plus urgent était d’attendre, d’attendre que les loutres aient fini leurs explorations. Pour l’heure, j’ai demandé à chacun de relever leur niveau de compétence pour consolider les structures existantes et pallier ainsi à une éventuelle catastrophe que nous n’espérons pas, mais prévoir n’est-il pas guérir ?

• Mais je ne vous ai pas demandé de venir que pour cela Monsieur Lom, permettez moi de vous précéder jusqu’à la salle des glaces, nous y verrons des choses bien curieuses et surtout très inquiétantes.

Oscar sans attendre l’acquiescement de Ling Lom, se dirigea vers un trou béant situé à proximité de là. Ne voulant pas laisser ses amis dans l’inconfort d’une attente dont il savait qu’elle serait longue, Monsieur Lom transmit immédiatement à D’jeck un signal mental demandant de l’attendre dans le salon des castors, lieu chaud, confortable et accueillant comme seuls les hôtes de ces lieux savent le faire, avec un brin de rudesse certes mais aussi beaucoup de chaleur et de gaîté, empreinte d’espiègleries et de douces facéties.

Les castors sont des bâtisseurs, bûcherons des ingénieurs d’une dextérité à nul autre pareil. Leurs travaux consistent en digues, canaux, bâtiments sur pilotis. Ils possèdent une science innée de la résistance des matériaux. Ils peuvent construire des digues de toutes tailles, de toutes formes, jusqu’à cinq cents mètres de long et cinq mètres de haut, dans le but de ralentir le cours d’une rivière et d’en élever le niveau de façon à réaliser un étang artificiel. Ils savent aussi que la pente de la digue doit être inclinée à quarante cinq degrés vers l’amont, tandis qu’elle peut être verticale de l’autre côté.

La population fluviale est diverses, composite de plusieurs espèces qui cohabitent en parfaite intelligence, convaincues de leur valeur propre, mais aussi de celle de leurs compagnons autochtones dans le monde des arbres et des eaux. Les scarabées et autres insectes similaires ont en charge le nettoyage et l’entretiens des berges de la rivière, les loutres, océanographes de talent, inspectent les profondeurs, analysent tous mouvements géologiques indispensables aux travaux des castors. Tout ce monde vit ainsi sans compromis ni compromission dans la paix, la quiétude naturelle d’êtres altruistes et tolérants

Tandis que Ling Lom et Oscar s’acheminent en direction de la salle des glaces, bulle située dans les profondeurs de l’océan, très loin du fleuve, le petit homme recevait les diatribes de D’jeck. Un peu honteux de sa réaction dictée uniquement par la panique qu’engendre la peur de l’inconnu, la crainte de manipulation dont il ne contrôle rien, le petit homme baissa les yeux.

• Bon d’accord pardon pour mon emportement. Jusqu’ici j’ai pris le parti de me taire, d’analyser les situations telles que je les vivais, essayant de garder mon calme avec la pondération nécessaire à un examen logique et salutaire mais j’ai besoin de faire le point, permettez moi donc de reprendre avec vous le fil des évènements:

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• Il y a peu de temps je me suis retrouvé dans un lieu inconnu. Je ne puis juger ni les heures ni les jours tant la confusion s’est installée dans mon esprit. J’ai cru tout d’abord être dans un état comateux, en route vers la mort.Et vous êtes venus à ma rencontre, toi D’jeck créature parlante et intelligente dont on ne peut supposer ni même imaginer l’existence autre que dans les fourrés, à l’état d’animal rampant. Et toi ma sœur, ma sœur jumelle pour qui un sentiment d’attachement s’est installé, à l’instant même de ton apparition... non confirmé, car je te savais, je te sentais en moi. Ma conscience même si elle se dérobait à d’impossibles divagations, me prévenait de notre mutuelle fusion. Mais qui es tu vraiment? Par quel miracle nous retrouvons nous...au centre de la terre dites vous ? Convenait que pour un esprit pourvu de facultés moyennement normales rien n’est compréhensible.

Le centre de la terre dites vous ? Mais j’ai vu le ciel, les étoiles, l’océan, les fleuves et la forêts, le vent et la musique, des roches et des plantes, des créatures venues de je ne sais où, et ces voix dont je sais qu’elles ne vous appartiennent pas, sauf pour toi cydonia.

• Je vais t’expli…

• Non attends je n’ai pas fini, Monsieur Lom, puisque c’est ainsi que vous l’appelez, nous a fait prévenir que son absence risquait d’être longue. Mais par quel moyen échangez vous ? Existe-t-il un réseau de communication, des émetteurs, des récepteurs, des infrastructures invisibles, des satellites, des bases de lancement? Possédez vous une technologie aussi discrète qu’avancée ? Pardonnez moi d’être aussi volubile, de ne point être ordonné dans mes interrogations.

Vous me connaissez dites vous ?

Vous n’êtes donc pas sans savoir combien je cultive la discrétion. Est-ce timidité, pudeur, lâcheté ? Je ne sais pas, peut être vanité de n’être remarqué que pour ce que je suis intimement, sans décors ni fioritures, sans apparence extravagante ou pernicieuse.

Vous me connaissez dites vous ? vous savez donc à quel monde j’appartiens. Un monde où le «moi je…» coule dans les veines de tout individu jusqu’à saturation. Un monde qui s’invente des dieux pour corrompre, assassiner, au mépris des lois établies.

«Tu ne mentiras point, tu ne voleras point, tu ne tueras point» disent-ils «Tu» n’est pas moi, car moi je suis au dessus de «tu». Je t’interdis et te condamne si tu enfreins mes lois, quant à moi je suis au dessus de cela, car il y a de grandes raisons, d’état, d’humanité, dont tu ne peux comprendre le sens profond.

Est-ce un mal des pouvoirs en place ? Non chacun à son niveau, développe un sens de la tyrannie jusqu’à l’excrétion. Méfiez vous des gentils, des obséquieux, des donneurs de leçons, ils ne donneront que pour recevoir au centuple. Ajoutez la bêtise, l’inculture et la peur que sont l’apanage de la presque totalité des humains, et vous obtenez la description parfait de quoi je suis fait, d’où je viens et de qui je suis.

N’attendez donc rien de moi, informez moi en détail des rouages de votre monde et je m’en servirai n’en doutez pas pour prendre votre place et vous détruire.

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